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Congo-Brazzaville: «Personne ne peut dire aujourd’hui qui a vraiment assassiné Ngouabi et Biayenda»

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Au Congo-Brazzaville, un communiqué de la présidence annonce que le chef de l'État, Denis Sassou-Nguesso, a plaidé, lundi dernier, pour la béatification du cardinal archevêque Émile Biayenda, c'était lors d'une rencontre avec le pape au Vatican. Mgr Biayenda a été assassiné à Brazzaville le 22 mars 1977, quatre jours après le président Marien Ngouabi. Depuis 47 ans, personne ne sait qui a commandité ces deux crimes. Saura-t-on un jour la vérité ? L'historienne Florence Pernault est une spécialiste de l'Afrique centrale et dirige l'Africa Programme à Sciences Po Paris. Elle est l'invitée de Christophe Boisbouvier.

RFI : Alors, l'assassinat du cardinal Biayenda était évidemment lié à celui du président Marien Ngouabi quatre jours plus tôt. Selon la version officielle, le président Marien Ngouabi a été tué par un commando actionné par l'ancien président Massamba-Débat, lui-même téléguidé par des « puissances impérialistes ». Qu'est-ce que vous en pensez ?

Florence Pernault : Alors effectivement, c'est le moment d'une sorte d'alignement du Congo-Brazzaville avec le bloc Chine, Cuba, URSS. Donc on est dans un contexte de guerre froide. Et on pense que, enfin, les historiens pensent que l'assassinat de Marien Ngouabi, en tout cas, a été commandité par plutôt l'aile gauche radicale, militaire sans doute, du Congo à ce moment-là, qui trouvait que Marien Ngouabi devenait justement un petit peu trop modéré, recommençait à parler avec l'ancien président Massamba-Débat. Alors le cardinal Biayenda, c'est autre chose. Massamba-Débat et le cardinal Biayenda sont du Sud. Marien Ngouabi, Sassou-Nguesso et beaucoup de militaires viennent du Nord. Donc au moment de l'assassinat du cardinal Biayenda, une série d'accusations fusent que ce serait le cardinal Biayenda, en tant que représentant de gens du Sud, qui aurait assassiné Marien Ngouabi, donc un militaire du Nord. Et on pense que c'est surtout en représailles de cette espèce d'accusation d'attaque du Sud contre Ngouabi que peut-être un commando aurait assassiné le cardinal.

A l'époque de l'assassinat de Marien Ngouabi, nous sommes donc en mars 1977, le Congo-Brazzaville était gouverné par un « état-major spécial révolutionnaire », dans lequel Marien Ngouabi partageait le pouvoir avec quatre hommes : le commandant Louis Sylvain-Goma qui était Premier ministre, le commandant Denis Sassou-Nguesso qui était ministre de la Défense, Jean-Pierre Thystère-Tchicaya, responsable de l'idéologie, et Jean-Pierre Ngombé, responsable de la propagande. Est-ce que le complot aurait pu être ourdi par l'un de ces quatre hommes ?

Oui, bien sûr, puisqu'on ne sait pas exactement pourquoi et par qui Marien Ngouabi a été assassiné. Alors il y a ce comité restreint dont vous avez parlé, mais il y a un comité un petit peu plus large qui est effectivement un comité militaire. Donc on pense que c'est plutôt l'aile radicale des militaires plus à gauche, qui aurait voulu se débarrasser de Marien Ngouabi et finalement accuser les sudistes, dont le cardinal Biayenda serait le représentant symbolique, ce n'est pas du tout un homme politique. Et c'était une façon de court-circuiter les véritables commanditaires. Ceci dit, je répète, on ne sait pas qui… Malgré toutes les enquêtes et les hypothèses des historiens et des acteurs de la vie politique au Congo depuis les années 90, personne ne peut dire aujourd'hui qui a vraiment assassiné et Marien Ngouabi et le cardinal Biayenda.

Le 22 mars 1977, le jour de l'assassinat du cardinal, le plus haut responsable de l'Etat, c'est le commandant Sassou-Nguesso qui assure l'intérim du pouvoir. Comment expliquez-vous qu'aujourd'hui ce soit le même homme qui demande la béatification du cardinal ?

Oui, alors là, je dois dire que ce n’est pas lui qui demande la béatification. En réalité, le procès en béatification du cardinal Biayenda date de 1995. Donc je pense que c'est l'Eglise qui a pris cette initiative et qui maintenant, puisque Denis Sassou-Nguesso est à la tête de l'Etat congolais, l'invite à venir pour organiser cette béatification, qui apparemment est imminente. Donc ce n’est pas vraiment lui qui a initié la chose. C'est lui qui peut-être, ironiquement, s'il partage une responsabilité dans le meurtre du cardinal Biayenda, ce qui est possible mais pas du tout prouvé, et bien c'est lui qui va de toute façon finalement un peu la superviser, cette béatification. Mais ce n’est quand même pas quelque chose que lui-même a initié ou qu'il instrumentalise. Donc les circonstances de l'assassinat sont peut-être effacées par ce procès en béatification, mais à la limite, on pourrait dire l'inverse. Cette béatification, c'est quand même un événement qui provoque des retours et des questions sur l'assassinat. Donc pour le président Sassou-Nguesso, ça ne l’arrangeait peut-être pas forcément.

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RFI : Alors, l'assassinat du cardinal Biayenda était évidemment lié à celui du président Marien Ngouabi quatre jours plus tôt. Selon la version officielle, le président Marien Ngouabi a été tué par un commando actionné par l'ancien président Massamba-Débat, lui-même téléguidé par des « puissances impérialistes ». Qu'est-ce que vous en pensez ?

Florence Pernault : Alors effectivement, c'est le moment d'une sorte d'alignement du Congo-Brazzaville avec le bloc Chine, Cuba, URSS. Donc on est dans un contexte de guerre froide. Et on pense que, enfin, les historiens pensent que l'assassinat de Marien Ngouabi, en tout cas, a été commandité par plutôt l'aile gauche radicale, militaire sans doute, du Congo à ce moment-là, qui trouvait que Marien Ngouabi devenait justement un petit peu trop modéré, recommençait à parler avec l'ancien président Massamba-Débat. Alors le cardinal Biayenda, c'est autre chose. Massamba-Débat et le cardinal Biayenda sont du Sud. Marien Ngouabi, Sassou-Nguesso et beaucoup de militaires viennent du Nord. Donc au moment de l'assassinat du cardinal Biayenda, une série d'accusations fusent que ce serait le cardinal Biayenda, en tant que représentant de gens du Sud, qui aurait assassiné Marien Ngouabi, donc un militaire du Nord. Et on pense que c'est surtout en représailles de cette espèce d'accusation d'attaque du Sud contre Ngouabi que peut-être un commando aurait assassiné le cardinal.

A l'époque de l'assassinat de Marien Ngouabi, nous sommes donc en mars 1977, le Congo-Brazzaville était gouverné par un « état-major spécial révolutionnaire », dans lequel Marien Ngouabi partageait le pouvoir avec quatre hommes : le commandant Louis Sylvain-Goma qui était Premier ministre, le commandant Denis Sassou-Nguesso qui était ministre de la Défense, Jean-Pierre Thystère-Tchicaya, responsable de l'idéologie, et Jean-Pierre Ngombé, responsable de la propagande. Est-ce que le complot aurait pu être ourdi par l'un de ces quatre hommes ?

Oui, bien sûr, puisqu'on ne sait pas exactement pourquoi et par qui Marien Ngouabi a été assassiné. Alors il y a ce comité restreint dont vous avez parlé, mais il y a un comité un petit peu plus large qui est effectivement un comité militaire. Donc on pense que c'est plutôt l'aile radicale des militaires plus à gauche, qui aurait voulu se débarrasser de Marien Ngouabi et finalement accuser les sudistes, dont le cardinal Biayenda serait le représentant symbolique, ce n'est pas du tout un homme politique. Et c'était une façon de court-circuiter les véritables commanditaires. Ceci dit, je répète, on ne sait pas qui… Malgré toutes les enquêtes et les hypothèses des historiens et des acteurs de la vie politique au Congo depuis les années 90, personne ne peut dire aujourd'hui qui a vraiment assassiné et Marien Ngouabi et le cardinal Biayenda.

Le 22 mars 1977, le jour de l'assassinat du cardinal, le plus haut responsable de l'Etat, c'est le commandant Sassou-Nguesso qui assure l'intérim du pouvoir. Comment expliquez-vous qu'aujourd'hui ce soit le même homme qui demande la béatification du cardinal ?

Oui, alors là, je dois dire que ce n’est pas lui qui demande la béatification. En réalité, le procès en béatification du cardinal Biayenda date de 1995. Donc je pense que c'est l'Eglise qui a pris cette initiative et qui maintenant, puisque Denis Sassou-Nguesso est à la tête de l'Etat congolais, l'invite à venir pour organiser cette béatification, qui apparemment est imminente. Donc ce n’est pas vraiment lui qui a initié la chose. C'est lui qui peut-être, ironiquement, s'il partage une responsabilité dans le meurtre du cardinal Biayenda, ce qui est possible mais pas du tout prouvé, et bien c'est lui qui va de toute façon finalement un peu la superviser, cette béatification. Mais ce n’est quand même pas quelque chose que lui-même a initié ou qu'il instrumentalise. Donc les circonstances de l'assassinat sont peut-être effacées par ce procès en béatification, mais à la limite, on pourrait dire l'inverse. Cette béatification, c'est quand même un événement qui provoque des retours et des questions sur l'assassinat. Donc pour le président Sassou-Nguesso, ça ne l’arrangeait peut-être pas forcément.

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