JUSTICE LEAGUE vs GODZILLA vs KONG : LE CROSSOVER COLOSSAL !
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Depuis toujours, les fans adorent comparer leurs super-héros préférés et imaginer quel personnage pourrait ressortir vainqueur en cas d’affrontement.
Et bien, croyez-moi, avec le comic book que voici, vous allez en avoir pour votre argent ! Aujourd’hui, on se penche sur le cas d’un crossover pour le moins inattendu, qui marque la rencontre entre la Justice League de DC Comics, le Roi des Monstres Godzilla et le toujours très romantique Kong de Skull Island !
Difficile de savoir par où commencer pour vous parler de Justice League VS Godzilla VS Kong.
D’un côté, on a incontestablement l’une des équipes de super-héros les plus emblématiques de la bande dessinée américaine, qui réunit des figures comme Superman, Batman, Wonder Woman ou The Flash. De l’autre, on a ni plus ni moins que l’une des créatures les plus marquantes de l'histoire du cinéma américain, célèbre pour avoir escaladé l’Empire State Building. Et au milieu de tout ça, on trouve le plus symbolique des monstres géants, titan légendaire de la Pop Culture, et instigateur de tout un genre cinématographique au Japon et dans le reste du monde.
Vous le savez, les comics sont le royaume de tous les possibles, et il fallait bien que ces trois mastodontes finissent par s’y rencontrer un jour. Mais avant de parler de la mini-série signée Brian Buccellato, Christian Duce et Tom Derenick, il va falloir jeter un petit coup d’œil dans le rétroviseur pour comprendre comment on en est arrivé là.
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Créée en 1960 par Gardner Fox chez DC Comics, dans le vingt-huitième numéro de The Brave and the Bold, la Justice League of America, ou JLA pour les intimes, regroupe différents héros costumés de l’éditeur opérant habituellement de façon individuelle. Si la première version de la Ligue de Justice est constituée de Green Lantern, Aquaman, Wonder Woman, Martian manhunter et The Flash ; ainsi que de Batman et de Superman, bien que ces derniers ne participent pas directement à l’affrontement contre Starro le Conquérant ; la formation va évoluer au fil du temps et des séries, voyant Hawkman, Green Arrow ou Cyborg rejoindre les rangs de l’équipe. Organisation phare de DC Comics, la Justice League représente souvent l’ultime espoir face à des menaces toujours plus grandes, telles que Darkseid ou Lex Luthor.
Si vous êtes lecteur ou lectrice de comics depuis un certain temps, vous connaissez déjà forcément cette équipe et ses principaux membres ; et si ce n’est pas le cas, je vous conseille d’aller découvrir le premier tome de la série Justice League New 52 dans la collection Nomad chez Urban Comics, qui sera un parfait point d’entrée pour établir un premier contact sans vous ruiner.
J’ai pour habitude de dire que, même si vous n’avez jamais vu King Kong, vous avez sûrement déjà vu une caricature de King Kong. En effet, le film de 1933, réalisé par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, a été maintes fois copié, tant à des fins parodiques que mercantiles.
On y découvre un gigantesque singe, considéré comme un dieu par les indigènes de l’Île du Crâne, un territoire hostile peuplé de créatures préhistoriques. Capturé et ramené de force à New York pour être exposé comme “La Huitième Merveille du Monde”, le monstre s’échappe et enlève la jeune assistante de l’un de ses tortionnaires, dont il semble s’être épris. Si le destin du gorille géant est funeste, le film rencontre un succès retentissant, notamment grâce aux effets spéciaux supervisés par Willis O'Brien, absolument fabuleux pour l’époque.
O’Brien était déjà derrière les dinosaures de The Lost World, long-métrage de Harry O. Hoyt sorti en 1925, adapté du roman du même nom de Sir Arthur Conan Doyle, et considéré comme l’un des premiers exemples de film de monstre géant au cinéma. Une thématique qui doit évidemment beaucoup à King Kong, mais aussi au film de 1953, Le Monstre des Temps Perdus, réalisé par le français Eugène Lourié.
Car la particularité du Monstre des Temps Perdu, c’est qu’il est l’une des sources d’inspiration, avec King Kong, d’un film incontournable sorti en 1954 : Godzilla.
Pour l’anecdote, Lourié qui a également travaillé avec Jean Renoir ou Sacha Guitry, sera plus tard derrière d’autres films de monstre géant pensés pour surfer sur le succès de Godzilla : Behemoth the Sea Monster, en 1959, et Gorgo, en 1961. La boucle est bouclée.
Produit par la Toho, Godzilla, de Ishirō Honda, est une pièce maîtresse du Tokusatsu ; comprenez par là : les films à effets spéciaux du cinéma nippon ; et plus particulièrement du Kaijū Eiga, genre mettant en scène des monstres fantastiques, le plus souvent de taille colossale. D’ailleurs, là où dans Le Monstre des Temps Perdu, la créature est animée en stop motion par le mythique Ray Harryhausen, Godzilla est interprété par le comédien Haruo Nakajima, qui devait porter un costume de quatre-vingt-onze kilos, sous la supervision du spécialiste des effets spéciaux Eiji Tsuburaya.
Fortement imprégné du traumatisme résultant des bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki par l’armée des États-Unis en 1945, Godzilla porte un message fort et particulièrement dur, cristallisant le pouvoir d’autodestruction de l’espèce humaine, les dangers des dérives impérialistes et le désespoir du commun des mortels face une force dévastatrice inarrêtable. Pour tout cela, on peut dire sans hésiter qu’il a profondément marqué l’histoire du cinéma, tant par son fond que par sa forme.
Véritable succès à l’international, Godzilla connaîtra de nombreuses suites et remakes jusqu’à aujourd’hui, avec pour résultat une filmographie qui contient autant d’OVNI, au sens propre comme au sens figuré, que de pépites telles que Shin Godzilla ou le récent Godzilla Minus One. C’est d’ailleurs au sein de cette filmographie que va s’opérer la première réunion entre le reptile de la Toho et le gorille géant de Skull Island.
Sorti en 1962, King Kong contre Godzilla, également réalisé par Ishirō Honda, a la particularité de constituer pour chacun des deux monstres leur troisième apparition officielle sur grand écran. Né d’une idée de Willis O’Brien qui voulait opposer King Kong à un gigantesque monstre de Frankenstein ; et pour laquelle il ne sera pas crédité, la faute à un producteur peu scrupuleux ; le pitch de King Kong VS Godzilla est finalement acheté par la Toho qui remplace la création du scientifique suisse par sa mascotte. Bien qu’il soit parfois qualifié de nanar, et malgré un accueil critique plutôt tiède, King Kong VS Godzilla est loin d’être une production totalement décérébrée. Le film se moque de la publicité, de l'hégémonie naissante de la télévision au Japon, et on peut même y voir un sous-texte critiquant la dualité existante entre le pays du soleil levant et les États-Unis ; et plus particulièrement la façon dont s’est répandu le soft power américain dans l’archipel nippon occupé après la Deuxième Guerre mondiale.
Godzilla et la bande dessinée, c’est une longue histoire. Et s’il existe bien évidemment un grand nombre de mangas mettant en scène le Roi des Monstres, pratiquement tous inédits en dehors des frontières du Japon, le lézard géant a également connu une carrière remarquable sur le marché américain, en devenant la vedette de nombreux comics. Et c’est sans compter l’influence globale des films de monstres géants sur cette industrie depuis ses débuts.
Dès 1977, Marvel signe un accord avec la Toho pour tirer une adaptation en comic book de la licence, intégrant Godzilla à l’univers partagé de la Maison des Idées. Tout au long des vingt-quatre numéros, notre reptile atomique préféré va ainsi rencontrer les Champions, les Avengers, ou encore les Fantastic Four, mais surtout faire face à Dum Dum Dugan et au S.H.I.E.L.D. dans des péripéties très librement inspirées de la saga des films originaux.
À partir de 1987, les droits atterrissent chez Dark Horse Comics qui, tout en traduisant le manga tiré du film de 1984, The Return of Godzilla, ou Godzilla 1985 aux USA, va proposer plusieurs visions du monstre. Au sein des productions de Dark Horse se côtoient le meilleur comme le pire : des magnifiques covers de Arthur Adams et Bob Eggleton à un comic book basé sur la rencontre entre Godzilla et le joueur de basket-ball Charles Barkley, dans une publicité pour Nike.
Depuis 2011, IDW Publishing détient les droits du personnage et de ses congénères kaijū de la Toho. L’éditeur américain a déjà proposé une multitude de séries, mini-séries et one-shots exploitant le lore de Godzilla, traduites en France chez Vestron, et dont le succès a poussé son homologue nippon Phase Six à distribuer certaines de ces productions au Japon : une première en la matière.
En parallèle, Legendary Comics est chargé de publier les comic books adaptés du MonsterVerse de Legendary Pictures et Warner Bros., un univers initié en 2014 avec le film Godzilla de Gareth Edwards. Ce sont les versions de Kong et de Godzilla issues de ce MonsterVerse que rencontre la Justice League dans le comic book paru en version française chez Urban Comics.
Dans Justice League VS Godzilla VS Kong, la Légion du Destin s'introduit dans la Forteresse de Solitude de Superman pour y faire quelques emplettes, ouvrant ainsi un portail vers le MonsterVerse !
Godzilla, Kong, et quelques autres kaijū tout droit sortis des films de Legendary surgissent à Metropolis ! De quoi perturber les projets de Superman et des autres membres de la Justice League…
Les justiciers de DC vont parcourir le monde jusqu'aux profondeurs d’Atlantis pour bastonner du monstre géant, tout en cherchant à renvoyer ces titans venus d’une autre Terre chez eux.
On sait que ce genre d'évènement très artificiel peut rapidement finir en eau de boudin, et que les motivations derrière ces bagarres de produits sous licence ne sont pas toujours des plus nobles. Pourtant, ce Justice League VS Godzilla VS Kong compte parmi les exceptions qui confirment la règle : même les crossovers les plus perchés peuvent proposer des histoires de qualité !
Premièrement, la série a la bonne idée d'utiliser le lore de DC Comics pour justifier cette rencontre improbable. Et deuxièmement, elle a le mérite de convoquer la vaste galerie de héros et d’héroïnes de l'éditeur avec beaucoup d'intelligence, et ça bien au-delà des membres historiques de la Justice League. En gros, elle s'avère particulièrement cohérente, ce qui n'était pas franchement gagné à la base, vous en conviendrez.
Attention quand même, plus on avance dans la lecture des sept numéros de la mini-série, plus elle vire au délire décomplexé pour fanboy et fangirl, avec une tendance à la surenchère qui pourrait refroidir une partie du lectorat. J’éviterai de vous spoiler le grand final, mais attendez vous à des rebondissements vraiment tordus !
Cela dit, Justice League VS Godzilla VS Kong est un comic book conscient de son statut, qui joue juste ce qu’il faut avec les codes du medium sans tomber dans le méta, maîtrise son fan-service pour éviter l’indigestion, et n’essaie pas de s’inventer un prestige auquel il ne peut prétendre.
Crossover hors-continuité oblige, ne vous attendez pas à des répercussions ailleurs. Mais, le récit est maîtrisé, la partie graphique est très accrocheuse, et l'ensemble se lit comme un très bon blockbuster fait avec amour pour ses personnages.
L’influence de Batman, de Superman, de Godzilla, ou de King Kong sur la culture populaire d’aujourd’hui n’est plus à démontrer. La rencontre entre ces icônes constitue une nouvelle étape dans la diffusion de cette culture auprès d’un public toujours plus diversifié et dans son assimilation par des franges de la population qui n’y avait jusqu'alors pas été exposées. Si les puristes pourraient être tentés de crier au scandale, il est important de ne pas oublier que les auteurs derrière des comics tels que celui-ci sont bien souvent eux-mêmes de fervents fans de ces franchises historiques, qu'ils chérissent tout autant que nous.
Pour ma part, j’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce Justice League VS Godzilla VS Kong, et je ne peux que vous conseiller de vous y pencher pour vous faire votre propre avis !
Les comics recommandés dans cet article :
Pour vous faire votre propre avis sur Justice League VS Godzilla VS Kong :
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Godzilla : Gangsters & Goliaths - John Layman et Alberto Ponticelli - IDW Publishing / Vestron
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