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Okochoko au Bénin, grand chocolatier pour petit pays producteur
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Si vous êtes passé au salon du Chocolat de Paris le mois dernier, vous avez peut-être remarqué, entre les grands exposants africains - Côte d'Ivoire, Ghana, Madagascar – le stand d’un petit pays, lui aussi producteur de cacao : le Bénin et l’un des rares chocolatiers du pays, « Okochoko ». C’est la marque créée par un ex-cadre de banque qui a décidé de mettre en valeur le cacao de son pays.
« Ce sont des produits de chocolat essentiellement noirs à 70% avec de la noix de cajou et en dehors de ça, on a des tablettes de lait ». C'est à Paris, au salon du Chocolat, que Maxime Elegbede, ancien cadre de banque, présente ses différentes créations. Okochoco, c'est l'histoire d'une reconversion chocolatée réussie.
Cet ancien de la BOA (Bank of America) nous explique le déclic qui l’a conduit à changer de voie : « C'est accidentellement que j'ai embrassé cette profession de chocolatier parce que j'ai découvert qu'il y avait du cacao au Bénin. Les paysans étaient un peu "forcés" à vendre ce cacao-là au Nigeria, aux règles des Nigérians. Et je leur ai promis que j'allais acheter le chocolat à un meilleur prix. Depuis quatre ans, je travaille exclusivement avec du cacao du Bénin ».
Bien sûr, quand on vient de la finance, on ne s'improvise pas chocolatier du jour au lendemain. Et si Maxime Elegbede réussit avec ses dix salariés à transformer cinq tonnes de fèves béninoises tous les ans, c'est parce qu'il a été à bonne école.
« Quand je prenais mes vacances, au lieu d'aller au bord de la mer, j'allais apprendre à faire le chocolat, je suis allé dans plusieurs pays, se souvient-il. Je vais citer une seule personne : Christophe Bertrand, de la chocolaterie "La Reine Astrid". Il est d'une ouverture d'esprit extraordinaire. L'année dernière, il a payé le billet d'avion pour un de ses employés qui est venu passer deux semaines à Cotonou. Avoir une personne qui est à ce niveau d'ouverture d'esprit, ce n’est pas facile ! Mais ce qui est rassurant, c'est que ça existe toujours. Et il faut rechercher ces personnes-là et leur rendre hommage aussi. »
À deux pas du stand de Okochoko, il y a justement Christophe Bertrand, le patron des chocolats « La Reine Astrid ».
« Un autre moyen d'améliorer le revenu des planteurs de cacao, c'est aussi de tirer la consommation vers le haut, et notamment en faisant consommer du cacao dans les pays producteurs de cacao, puisque aujourd'hui, ils n’en consomment pas. Ce qui est toujours très difficile pour eux, c'est qu'ils n'ont pas les machines qui vont bien. Je veux dire, on était au Cameroun il y a trois semaines, on a visité une société qui s'appelle "Choco theré", ils ont une petite machine 'made in Cameroun', la machine ne tourne pas assez vite, le chocolat ne monte pas en température, on ne fait pas envoler l'acidité… Ce qui est important, c'est que ces gens-là soient accompagnés et je pense essentiellement nous, chocolatiers français, belges, etc. On peut, simplement, en donnant un peu de notre temps, les aider », explique le chocolatier.
Des cacaoculteurs passionnés
Ce qui fait la saveur de cette aventure chocolatée, ce sont aussi des rencontres humaines. Au Bénin, le cacao 70% de Maxime Elegbede a séduit des boulangers et des restaurateurs : « On fait une mousse au chocolat chaud avec son chocolat. Un petit caramel mou dessus au beurre salé, je m'en sers pour faire des chouquettes, des crémeux et un sorbet chocolat ».
À Calavi ou à Cotonou, dans ces restaurants, le chef français Jimmy Nival utilise l’Okochoko dans tous ses desserts : « Maxime se donne du mal et il se donne à fond dedans. Moi, c'est vraiment ce qui me plaît, c'est avec des petits producteurs, il y a le chocolat et puis je dirais qu'il y a le bonhomme qui va avec… Pour moi ça fait un ensemble, et je trouverais dommage d'en importer alors que celui qu'on a ici, franchement, il est très, très bien. C'est vraiment une valeur ajoutée de pouvoir dire que c'est du Bénin, du coup, c'est valorisant ».
Le corollaire de la transformation locale des fèves en chocolat, c'est l'implication des cacaoculteurs et la qualité des fèves produites, comme le souligne Julien Tisserat, ingénieur agronome pour la marque de chocolat Ethiquable.
« On voit cette dynamique-là dans tous les pays, explique-t-il. Je l'observe à Madagascar, on le voit aussi en Côte d'Ivoire ou au Togo. Il y a des coopératives au Togo qui commencent à produire aussi des tablettes de chocolat. La SCEB (Coopérative équitable du Bandama) avec qui on travaille en Côte d'Ivoire se lance aussi dans la production de tablettes de chocolat. En tout cas, je pense que ça peut être un bon complément, pour apporter la valeur ajoutée et diversifier les revenus. Et cela peut être aussi une manière d'augmenter les références, les normes de qualité au niveau des fèves de cacao, donc ça va dans le bon sens. »
L'émulation entre cacaoculteurs et chocolatiers permettra sans doute un jour à tous les béninois de manger un chocolat haut de gamme « made in Bénin ». C'est en tout cas le rêve de Maxime Elegbede.
À lire aussiDu cacao à la tablette de chocolat: reportage au Togo
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Si vous êtes passé au salon du Chocolat de Paris le mois dernier, vous avez peut-être remarqué, entre les grands exposants africains - Côte d'Ivoire, Ghana, Madagascar – le stand d’un petit pays, lui aussi producteur de cacao : le Bénin et l’un des rares chocolatiers du pays, « Okochoko ». C’est la marque créée par un ex-cadre de banque qui a décidé de mettre en valeur le cacao de son pays.
« Ce sont des produits de chocolat essentiellement noirs à 70% avec de la noix de cajou et en dehors de ça, on a des tablettes de lait ». C'est à Paris, au salon du Chocolat, que Maxime Elegbede, ancien cadre de banque, présente ses différentes créations. Okochoco, c'est l'histoire d'une reconversion chocolatée réussie.
Cet ancien de la BOA (Bank of America) nous explique le déclic qui l’a conduit à changer de voie : « C'est accidentellement que j'ai embrassé cette profession de chocolatier parce que j'ai découvert qu'il y avait du cacao au Bénin. Les paysans étaient un peu "forcés" à vendre ce cacao-là au Nigeria, aux règles des Nigérians. Et je leur ai promis que j'allais acheter le chocolat à un meilleur prix. Depuis quatre ans, je travaille exclusivement avec du cacao du Bénin ».
Bien sûr, quand on vient de la finance, on ne s'improvise pas chocolatier du jour au lendemain. Et si Maxime Elegbede réussit avec ses dix salariés à transformer cinq tonnes de fèves béninoises tous les ans, c'est parce qu'il a été à bonne école.
« Quand je prenais mes vacances, au lieu d'aller au bord de la mer, j'allais apprendre à faire le chocolat, je suis allé dans plusieurs pays, se souvient-il. Je vais citer une seule personne : Christophe Bertrand, de la chocolaterie "La Reine Astrid". Il est d'une ouverture d'esprit extraordinaire. L'année dernière, il a payé le billet d'avion pour un de ses employés qui est venu passer deux semaines à Cotonou. Avoir une personne qui est à ce niveau d'ouverture d'esprit, ce n’est pas facile ! Mais ce qui est rassurant, c'est que ça existe toujours. Et il faut rechercher ces personnes-là et leur rendre hommage aussi. »
À deux pas du stand de Okochoko, il y a justement Christophe Bertrand, le patron des chocolats « La Reine Astrid ».
« Un autre moyen d'améliorer le revenu des planteurs de cacao, c'est aussi de tirer la consommation vers le haut, et notamment en faisant consommer du cacao dans les pays producteurs de cacao, puisque aujourd'hui, ils n’en consomment pas. Ce qui est toujours très difficile pour eux, c'est qu'ils n'ont pas les machines qui vont bien. Je veux dire, on était au Cameroun il y a trois semaines, on a visité une société qui s'appelle "Choco theré", ils ont une petite machine 'made in Cameroun', la machine ne tourne pas assez vite, le chocolat ne monte pas en température, on ne fait pas envoler l'acidité… Ce qui est important, c'est que ces gens-là soient accompagnés et je pense essentiellement nous, chocolatiers français, belges, etc. On peut, simplement, en donnant un peu de notre temps, les aider », explique le chocolatier.
Des cacaoculteurs passionnés
Ce qui fait la saveur de cette aventure chocolatée, ce sont aussi des rencontres humaines. Au Bénin, le cacao 70% de Maxime Elegbede a séduit des boulangers et des restaurateurs : « On fait une mousse au chocolat chaud avec son chocolat. Un petit caramel mou dessus au beurre salé, je m'en sers pour faire des chouquettes, des crémeux et un sorbet chocolat ».
À Calavi ou à Cotonou, dans ces restaurants, le chef français Jimmy Nival utilise l’Okochoko dans tous ses desserts : « Maxime se donne du mal et il se donne à fond dedans. Moi, c'est vraiment ce qui me plaît, c'est avec des petits producteurs, il y a le chocolat et puis je dirais qu'il y a le bonhomme qui va avec… Pour moi ça fait un ensemble, et je trouverais dommage d'en importer alors que celui qu'on a ici, franchement, il est très, très bien. C'est vraiment une valeur ajoutée de pouvoir dire que c'est du Bénin, du coup, c'est valorisant ».
Le corollaire de la transformation locale des fèves en chocolat, c'est l'implication des cacaoculteurs et la qualité des fèves produites, comme le souligne Julien Tisserat, ingénieur agronome pour la marque de chocolat Ethiquable.
« On voit cette dynamique-là dans tous les pays, explique-t-il. Je l'observe à Madagascar, on le voit aussi en Côte d'Ivoire ou au Togo. Il y a des coopératives au Togo qui commencent à produire aussi des tablettes de chocolat. La SCEB (Coopérative équitable du Bandama) avec qui on travaille en Côte d'Ivoire se lance aussi dans la production de tablettes de chocolat. En tout cas, je pense que ça peut être un bon complément, pour apporter la valeur ajoutée et diversifier les revenus. Et cela peut être aussi une manière d'augmenter les références, les normes de qualité au niveau des fèves de cacao, donc ça va dans le bon sens. »
L'émulation entre cacaoculteurs et chocolatiers permettra sans doute un jour à tous les béninois de manger un chocolat haut de gamme « made in Bénin ». C'est en tout cas le rêve de Maxime Elegbede.
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